CHARLES-BRETAGNE-MARIE-JOSEPH, duc de la Trémoïlle

Note: Il s’agit du frère ainé du Prince Philippe Antoine de Talmont

CHARLES-BRETAGNE-MARIE-JOSEPH , duc de la Trémoïlle et de Thouars, pair de France, prince de Tarente, lieutenant-général des armées du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et grand-croix des ordres militaires de Bade, est né à Paris, le 24 mars 1764, et a été baptisé paroisse Saint-Merry, le 13 mai 1766.

Il reçut une éducation des plus distinguées. Entré au service le 4 avril 1778, il fut nommé sous-lieutenant au régiment de l’Île-de-France, le 18 avril 1779, et passa avec le même grade dans le régiment Royal-Normandie, cavalerie, le 22 juin 1781.

Colonel à 23 ans, il rejoignit en 1790 les princes français à Coblentz, et concourut avec son oncle, le prince Maurice de Salm, à lever et organiser un corps de hussards à la tête duquel il fit la campagne de 1792. Il abandonna l’année suivante le commandement de ce corps à son frère, et passa au service de la cour de Naples, avec le titre de colonel d’état-major aide-de-camp du roi. Il fit en cette qualité plusieurs campagnes dans la Lombardie, et se signala particulièrement à l’affaire du Pont de Lodi, où il protégea la retraite de l’armée autrichienne assez efficacement pour mériter les éloges des généraux.

Après l’invasion du royaume de Naples par les Français en 1798, il donna sa démission et se joignit au comte de Frotté pour opérer un débarquement sur les côtes du Poitou, et prendre part comme volontaire à la dernière tentative des Vendéens en faveur des Bourbons.

Rentré en France en 1814, il fut fait par le roi lieutenant-général et créé membre de la chambre des pairs. Lors des événements de 1830, il habitait son château près de Rambouillet ; il s’empressa de venir offrir ses services à Charles X, ce prince lui ayant dit que le devoir des pairs était de se rendre à leur poste, il regagna Paris, où il arriva que tout était décidé. La crainte de l’anarchie l’engagea à se rallier au nouveau gouvernement, et il continua de siéger à la chambre des pairs.

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Il a épousé, en premières noces,  à Paris, le 20 juillet 1781, Louise-Emmanuelle de Châtillon, née en 1763, dernier rejeton de cette illustre maison, fille de Louis-Gaucher, duc de Châtillon, pair de France, lieutenant-général de la Haute et Basse-Bretagne, et d’Adrienne-Émilie-Félicité de la Baume-le-Blanc, duchesse  de la Vallière, morte à Saint-Pétersbourg en 1814, dont une fille, Caroline, née en 1788 et décédée en 1791.

La princesse de Tarente, Louise-Emmanuelle de Châtillon, réfugiée en Angleterre, à sa sortie de la prison de l’Abbaye, a écrit ses souvenirs. Ils se rapportent aux premières années de la Révolution et finissent en 1792 …

Nommée dame d’honneur de la Reine, au mois de mai 1785, madame de Tarente se dévoua complètement à Marie-Antoinette. Sa charge à la cour devint la grande occupation de sa vie ; c’est un véritable culte qu’elle avait pour la souveraine. Quel désespoir pour madame de Tarente que la mort de la Reine ! La France lui faisait horreur ; rien ne put la décider à revenir habiter un pays où pareil forfait s’était commis. Une seule fois, pendant quelques jours, elle vint à Wideville (Crespières 78), terre de famille, pour pleurer sur la tombe d’une fille unique qu’elle avait perdue.

Elle habitait Richemond, en Angleterre, lorsqu’en 1797, elle fut appelée à la cour de Russie, comme dame du palais. Madame de Tarente traîna, comme elle le dit, sa triste vie en Russie pendant de longs jours ;  la princesse, gravement malade, meurt dans la maison de campagne des Golovine aux environs de Pétersbourg ; Elle était fort estimée par l’épouse d’Alexandre Ier, l’impératrice Elisabeth Alexeïevna et plusieurs Russes, surtout des femmes de la haute société qui l’appellaient après sa mort “la bienheureuse”. Jacques Delille chante sa conduite héroïque lors de la Révolution dans son poème Le Malheur et la Pitié (première édition, sous le titre La Pitié, 1803) ;

– puis, en secondes noces, le 9 juin 1817, Marie-Virginie de Saint-Didier, fille du comte Antoine de Saint-Didier, décédée le 16 janvier 1829, et dont sont issues deux filles : Charlotte-Antoinette-Amélie-Zéphyrine, née à Paris, le 8 octobre 1825, décédée au même lieu le 21 décembre 1879 et Éléonore-Louise-Henriette-Joséphine-Caroline, née le 17 janvier 1827, décédée à Paris, le 26 novembre 1846, à l’âge de 19 ans ; 

– et en troisièmes noces, le 14 septembre 1830, à Saint-Georges-sur-Loire, Valentine-Eugénie-Joséphine Walsh de Serrant, décédée le 10 septembre 1887, dont Marie-Henriette, née en 1833, décédée en 1890 et Charles-Louis, né à Paris, le 26 octobre 1838, historien, archiviste, bibliophile et collectionneur ; duc de la Trémoïlle et de Thouars, prince de Tarente et de Talmont, héritier du royaume de Naples … ; il épousa, le 2 juillet 1862, Marguerite-Églé-Jeanne-Caroline du Châtel, fille du comte du Châtel, ministre de l’intérieur sous Louis-Philippe ; Charles-Louis  est décédé à Paris, le 4 juillet 1911.

Charles-Bretagne-Marie-Joseph, duc de la Trémoïlle, est décédé à Paris, le 10 novembre 1839, à l’âge de 75 ans.